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23 nov. 2016

Florian Magnin, champion d'automne

De temps à autre, Florian Magnin sort de sa poche un petit calepin, y annote quelques bricoles; gribouille une idée à ressasser plus tard.

Ce cahier en déborde, de petites pattes de mouches. "Je le sers pour noter tout ce qui me passe par la tête. Une idée de foot, un projet quelconque ou un plan tactique, tout y passe."

Son gribouillis, il le range aussitôt ni vu ni connu, plus tard le retranscrit informatiquement, Excel pour les présences aux entraînements, et les railleries y relatif commencent, bien malgré lui "c'est le seul bémol depuis que j'ai repris l'équipe. On n'est pas assez aux entraînements, parfois 7-8. On a trois étudiants, quelques pères de famille, ce qui l'explique aussi un peu. Mais c'est clairement insuffisant et cela nous empêche de progresser sur de nombreux points. Pour l'instant, cela ne nous pénalise pas."

Mais...?

Mais l'insuffisance s'arrêtera là où presque, pour le reste c'est une affaire qui roule: un titre de champion d'automne, neuf victoires pour un seul nul, un nul qui le laisse néanmoins fruste. Pour la dernière fois de la discussion, il jouera donc les notes négatives, "ces points-là, à Montcherand (1-1), on les a vraiment laissé passer. Laisser, c'est le seul mot qui convient!", exigence donc, lui qui pourrait ensuite revenir, une par une, a n'importe quelle des neuf victoires des siens - de tête ou en piochant dans son carnet. Florian se rappelle de tout, de chaque détail, peut raconter un match de À à Z, même sans son carnet.


Marcelo Bielsa, Manu Bergantinos: les inspirations.



À l'interne ses joueurs le nommeraient Marcelo Bielsa. "C'est surtout par rapport à ses entraînements, c'est carrément la méthode Bielsa" raconte laconiquement Sébastien Bardet, la pierre angulaire de sa défense. Florian Magnin applique certains préceptes de El Loco Bielsa, il aime "jouer haut et presser fort, les gars doivent toujours être en mouvement; on joue en 4-3-3 avec des joueurs offensifs vu qu'on est bien servi dans ce domaine", mais pour y arriver, encore faut-il en avoir les capacités physiques. Et ça c'est son dada. Il revient d'un trail en Norvège, plus de 80 kilomètres de tracé, les courses longues distances qui n'ont rien d'une balade, donc durant la préparation "oui, les mecs ont dû cravacher dur".

Autre inspiration pour Florian Magnin: Manu Bergantinos. Jadis et au début du siècle, Manu fut l'entraîneur de La Une, une époque où le club était une ribambelle de jeunes du bled, tous dans le bel âge de la progression, 18-22 ans, tout le monde faisait partie de la jeunesse, tout le monde était prêt à mourir pour son pote, il ne manquait alors qu'un leader.  Et Manu fut cet homme: "il m’a énormément inspiré. En particulier dans sa capacité de motivation, et de faire répéter les mêmes gestes aux mêmes joueurs, des centaines de fois. Tactiquement aussi, on a tellement évolué sous son égide. Des trucs tout simple, mais que beaucoup négligent".


"Passer de tête à claque à tête de gondole, c'est n'est pas si simple."



Manu est aussi un peu à l'origine du Hasta Siempre. Le cri de victoire du bled lui serait attribué, mais "avec Manu, on a remplacé le Aux Armes un peu barbare par le Hasta Siempre. Et ça, ça me plaît". Hasta Siempre, tous ensemble l'un et pour l'autre. Autant de valeurs qui sautent aux yeux du boss, qui a repris l'équipe cette année, après le retrait de Mikael Duperret et la culbute de la 3e ligue. "L'esprit d'équipe, c'est la base. A notre niveau, on ne peut pas passer outre. Et là c'est génial. On s’éclate! Reprendre après une relégation n'a jamais rien d'une sinécure, mais les mecs ont vite repris le dessus. Chaque seconde avec eux est un bonheur. Et je garantis de passer de tête à claque en 3e ligue à tête de gondole en 4e n'est pas facile".

Florian pense-t-il pouvoir vivre un second tour aussi prolifique que le premier? "Il n'y a pas de raison qu'on y arrive pas. Le talent est là. Après, bon, on n'est pas à l'abri de blessures mais oui, je suis confiant qu'on saura jouer les Finales."  Qu'est-ce qui fait la fierté de son équipe? Parmi sa liste pléthorique de points positifs, il ressasse l'élévation des quelques jeunes, qu'on attendait depuis un moment. Nathan Karlen déjà: "lui a explosé et je suis content pour lui. Le potentiel à toujours été là, il lui fallait juste un contexte et environnement pour s'émanciper". Mais aussi Manu Virgolin, qui "ne jouait pas avec La Une, il a perdu pas mal de temps de jeu mais aujourd'hui, on en retire les bénéfices. Il est un incontournable". Ou encore Loris Rochat, "qui progresse de jour en jour à côté de Sébastien Bardet". En même temps, avec un contingent si chétif - La Deux ce n'est que 15 joueurs -, chacun a son temps de jeu, son rôle à jouer. "Yann Rufener a été remplaçant. Mais il ne s'est jamais plaint et a été décisif à chacune de ses entrée" ou encore Yves Hofmann "qui ne peut pas beaucoup s'entraîner mais qui fait tourner les matchs lorsqu'il entre en jeu" sans parler de "Jo-Carlo Teixeira qui amène tant d'expérience, lui qui a joué à Baulmes lors de leurs grandes années". Le point qu'il faut améliorer: "être plus constant sur 90 minutes. Éviter au maximum ces satanés temps faibles."


On parle de derby. Le sourcil devient circonflexe, le regard téméraire, quasi sanguin; on reconnaît Magnin



En mentionnant le mot Baulmes, Mags a subitement l'œil qui tourne. Ce sont ces derbys qu'il adore tant. "Jouer Rances, Chavornay ou Ependes, c'est la base." Le sourcil devient circonflexe, le regard téméraire, ceux qui l'ont connu en tant que joueur reconnaissent pêle-mêle son côté quasi sanguin, oui il l'a été; parfois cela ressemblait au fou furieux; un derby ne se joue pas il se gagne était son dada; "plutôt mourir que de perdre contre Baulmes"; lui qui en a quitté prématurément des derbys, cartons rouges obligent. "Ça a toujours été par excès de volonté. J'avais une telle rage pendant ces derbys... C'était beau!"

Avant un derby à Baulmes d'ailleurs, l'homme avait posé sa tente sur le terrain, et y avait passé la nuit avec quelques coéquipiers - donc oui, sur le terrain de Baulmes ils avaient passé la nuit.

De la folie?

À la El Loco Bielsa? En tous cas, dans l'esprit d'équipe qui le caractérise. Car ensuite, Champvent avait battu Baulmes 7-1. Et Florian redevient souriant.


Le calepin qui (lui) dit tout

Le Trail c'est son dada.  80 bornes et puis s'en va.

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